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Changement climatique et espèces invasives

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Ne vous êtes vous jamais demander pourquoi il est possible d’observer des perruches verte en pleins centre toulousain voler à travers les boulevards ?

Pour ma part c’est une des premières questions qui m’est venu en tête la première fois que j’ai pu les voir voler en toute liberté.

Elles sont de plus en plus nombreuses à Toulouse. En effet 155 perruches vertes ont été dénombrées cette année. Introduite accidentellement dans les années 2000, l'espèce originaire d'Asie, colonise les espaces occupés par des oiseaux autochtones. Et s'épanouit un peu plus chaque année dans la ville rose.

La question à la quelle je vais essayer de répondre est la suivante :

Comment les changements climatiques interviennent-ils au cours du processus d’invasion des espèces exotique envahissante ?

Une espèce exotique devient envahissante si elle parvient à franchir les différents filtres qu’elle va rencontrer lors de son transport hors de son aire d’origine, de son introduction et de son établissement, puis lors de son expansion géographique dans un territoire d’accueil.

Ainsi, le déroulement du processus d’invasion biologique dépend de la perméabilité de ces barrières mais aussi de la capacité de ces espèces à les franchir, soit autant de facteurs pouvant être soumis aux effets des changements climatiques.

A/ La barrière géographique

Les manifestations des changements climatiques peuvent offrir de nouvelles possibilités de déplacement d’espèces exotiques par les activités humaines.

D’une part, elles peuvent amplifier le risque lié aux voies et vecteurs déjà existants et d’autre part faciliter la multiplication des déplacements et ouvrir de nouvelles voies d’introductions.

Les changements climatiques peuvent ainsi contribuer à l’augmentation de la pression de propagules et par conséquent à l’augmentation des risques d’introductions.

La fonte des glaces en Arctique est une bonne illustration de ces mécanismes car elle permet le passage des navires en ouvrant de nouvelles routes maritimes, donnant accès à des régions auparavant inaccessibles et la mise en contact entre régions auparavant isolées, jusqu’alors préservées des risques d’introductions d’espèces non-indigènes marines.

B/ La barrière environnementale

Toutes les conditions abiotiques et biotiques des milieux d’introduction pourront être modifiées par les changements climatiques.

Ceux-ci peuvent ainsi moduler les barrières que ces espèces vont avoir à franchir pour survivre lors de leur transport et à leur arrivée dans un nouveau milieu. D’une manière générale, plus les conditions de ce nouvel environnement se rapprocheront de celles de leur milieu d’origine, plus elles auront de potentialités de survie et d’établissement.

Des espèces aquatiques telles que la Jacinthe d’eau, la Laitue d’eau ou encore l’Hydrille verticillée, bien connues en régions tropicales, sont largement commercialisées comme espèces d’ornement pour les aquariums et les jardins aquatiques dans les pays tempérés.

Elles s’y sont plus ou moins bien adaptée et les réchauffement climatiques ne pourront qu’accélérer le processus d’invasion de ces espèces.

C/ La barrière de la reproduction

Une espèce exotique est considérée comme naturalisée si elle est adaptée aux conditions biotiques et abiotiques du nouveau milieu en parvenant à s’y reproduire.

Ainsi, les changements climatiques peuvent parfois faciliter le passage d’une population introduite à naturalisée.

C’est pourquoi

Un déroulement optimal des cycles biologiques est étroitement lié aux facteurs abiotiques comme la température, les précipitations et la luminosité, en particulier pour les plantes et les animaux ectothermes.

Ainsi, les barrières à l’établissement en milieu tempéré d’espèces tropicales ou subtropicales par exemple, s’affaiblissent avec l’élévation des températures.

Ce phénomène s’observe déjà pour des populations de Tortue de Floride (Trachemys scripta elegans) dont le succès reproducteur a déjà été observé en Europe, notamment en Italie et en France métropolitaine .

CONCLUSION :

Les changements climatiques peuvent favoriser le franchissement de chacune des barrières du processus d’invasion de manière indirecte via les modifications des déplacements humains et des usages et de manière plus directe en modulant les contraintes biotiques et abiotiques des milieux d’accueil.

Les changements climatiques peuvent avoir une incidence sur la vitesse à laquelle les espèces pourraient franchir ces différentes barrières et la question d’une accélération des processus d’invasion se pose.

Cette possibilité d’affaiblissement des barrières suggère que conjointement aux modifications du climat, le nombre d’espèces exotiques pouvant les franchir est susceptible d’augmenter à l’avenir.

Bien que moins documentée et apparemment moins fréquente, selon les contextes, la tendance inverse est possible ; les changements climatiques pourraient renforcer ces barrières et freiner le processus de dispersion pour certaines espèces déjà établies.

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