Bonjour, je m'appelle … et j’ai choisi comme objet d’études les câbles sous marins.
Ma problématique sera : Dans quelle mesure le développement les câbles sous-marins participent-ils aux enjeux géopolitique ?
Pour y répondre, je vais d'abord aborder l'histoire des câbles sous-marins, pourquoi ils sont nécessaires et comment ils fonctionnent. Ensuite, nous verrons quelles tensions cela crée dans le contexte de la mondialisation. Enfin, nous examinerons comment les entreprises privées cherchent à prendre leur part dans ce domaine.
Des pigeons voyageurs à la fibre optique : l'évolution des communications transocéaniques
La communication est l'essence même des liens entre hommes. Depuis toujours, l'humanité a cherché des moyens de transmettre des informations sur de longues distances. Des signaux de fumée aux pigeons voyageurs, chaque époque a eu ses innovations. Avec la société moderne et l'accélération des échanges, le besoin de communication instantanée et fiable est devenu crucial.
Au 19ème siècle, des inventions majeures vont révolutionner les télécommunications. En 1832, Samuel Morse invente le télégraphe électrique et son code, une aide précieuse au développement des communications, notamment pour étendre les frontières de l'information. Puis, en 1854, le téléphone voit le jour. Rapidement, la question se pose de connecter les continents séparés par les océans.
La solution évidente était de faire passer des câbles par les fonds marins. Les premiers essais eurent lieu dès 1838, avec des câbles protégés par des tubes en caoutchouc. Cependant, la découverte du gutta-percha, une gomme naturelle issue d'un arbre de Singapour, va grandement améliorer l'isolation et la résistance des câbles. En 1850, un premier câble télégraphique est posé sous la Manche entre la France et l'Angleterre. Malheureusement, suite à des dommages lors de la pose, le signal ne passera que pendant 11 minutes. En 1851, un nouveau câble, renforcé, est installé au même endroit et celui-ci fonctionnera pendant près de 40 ans.
L'exploit suivant fut la pose du premier câble transatlantique en 1858, reliant l'Irlande à Terre-Neuve (Canada). Ce projet colossal, mené par des navires militaires, déroula 4 200 km de câble, le plus long de l'époque. Malgré des débuts difficiles, cela marqua une étape décisive. En 1891, la première liaison téléphonique sous-marine est établie entre la France et le Royaume-Uni.
Une véritable révolution technologique survient avec l'invention de la fibre optique dans les années 1970, un fil de verre ou de plastique, fin comme un cheveu, capable de transporter une quantité d'information bien supérieure aux câbles de cuivre. En 1988, le premier câble sous-marin transatlantique à fibre optique, TAT-8, est mis en service. La fibre optique elle-même est au cœur du câble, protégée par environ sept autres couches aux propriétés distinctes (cuivre pour l'alimentation électrique des répéteurs, polyéthylène pour l'isolation, acier pour la résistance, etc.). L'efficacité est redoutable : un signal peut faire l'aller-retour entre le Portugal et le Brésil en seulement 60 millisecondes.
Ces câbles transportent aujourd'hui la quasi-totalité de nos données : internet, communications téléphoniques, transactions bancaires, informations politiques et militaires. Ils sont les artères de la mondialisation, connectant le monde entier. Cette infrastructure critique suscite naturellement d'importantes convoitises et tensions internationales.
Les câbles sous-marins : sources de tensions dans la mondialisation
La mondialisation, facilitée par ces réseaux de communication, exacerbe les tensions géopolitiques autour des câbles. Leur importance stratégique en fait des cibles potentielles et des outils d'influence. L'espionnage des communications transitant par ces câbles est une préoccupation majeure. Historiquement, des points névralgiques comme Marseille ont été des lieux d'interception. Durant la Première et la Seconde Guerre mondiale, couper les câbles ennemis était un objectif militaire.
Plus récemment, la présence de navires russes spécialisés près des tracés de câbles importants soulève des inquiétudes quant à d'éventuelles opérations de surveillance ou de sabotage. Les attaques des rebelles Houthis en mer Rouge contre des navires ont également mis en lumière la vulnérabilité des câbles qui passent par cette zone cruciale. La collecte de données, que ce soit par des États ou des entreprises, à des fins de renseignement ou lucratives, est une autre facette de ces tensions.
La puissance politique des États se mesure aussi à leur capacité à contrôler ou influencer ces infrastructures. Un pays qui maîtrise la pose, la maintenance ou qui héberge des points d'atterrissement importants dispose d'un avantage certain.
L'arrivée des entreprises privées et les projets futurs : une nouvelle donne géopolitique
Historiquement, la pose et l'exploitation des câbles sous-marins étaient principalement le fait de consortiums d'opérateurs télécoms nationaux. Cependant, depuis quelques années, les géants du numérique, les GAFAM (Google, Amazon, Facebook/Meta, Apple, Microsoft), investissent massivement dans leurs propres câbles. Ils cherchent ainsi à sécuriser et optimiser le transport des énormes volumes de données générés par leurs services, mais aussi à vendre de la capacité à d'autres acteurs.
Cette implication croissante des entreprises privées modifie l'équilibre des pouvoirs. Ces acteurs disposent de moyens financiers colossaux et peuvent initier des projets d'une ampleur considérable. Par exemple, le câble SEA-ME-WE 3 (South-East Asia - Middle East - Western Europe 3), long de 39 000 km et mis en service en 1999, était l'un des plus longs. Aujourd'hui, des projets comme 2Africa, largement financé par Meta (Facebook), vise une longueur de 45 000 km et encerclera tout le continent africain, illustrant l'ambition de ces nouveaux acteurs.
Ces projets privés ne sont pas dénués d'enjeux géopolitiques. Les tracés choisis, les points d'atterrissement et les propriétaires des câbles influencent les flux de données mondiaux et peuvent renforcer la dépendance de certaines régions vis-à-vis de ces entreprises ou des pays qui les hébergent.
Conclusion
En conclusion, le développement des câbles sous-marins, depuis les premières liaisons télégraphiques jusqu'aux réseaux mondiaux de fibre optique actuels, est indissociable des enjeux géopolitiques. Initialement outils de communication et de progrès, ils sont devenus des infrastructures critiques au cœur de la mondialisation, de la collecte de données, de l'espionnage et de la compétition entre États et désormais, entre grandes entreprises technologiques. Leur développement continue de façonner les rapports de force à l'échelle planétaire, rendant leur contrôle et leur sécurité plus stratégiques que jamais.